lundi 3 novembre 2008

Pour l'union des forces nationales et souverainistes

Le 29 mai 2005 la majorité des Français ont refusé l'euro mondialisme, de même que les Hollandais le 1er juin. Depuis le 13 juin 2008 les Irlandais ont, à leur tour, exprimé une volonté identique.

1) Rappel des résultats du 29 mai 2005
Ce référendum confirme et amplifie les résultats du référendum sur le traité de Maastricht le 20 septembre 1992 qui avait vu une victoire étriquée pour les partisans de l'Europe supra-nationale
(oui : 13.147.780 suffrages soit 51,01 % - non : 12.625.271 suffrages soit 48,99 %)

Le 29 mai 2005 le NON l'emporte largement :
OUI : 12.686.747 suffrages soit 45,13 % - NON : 15.422.642 suffrages soit 54,87 %

Alors que les suffrages exprimés progressent de 2.336.338 le vote des Français qui refusent l'euro mondialisme progresse de + 2.797.371 voix alors que les partisans de l'Europe de Bruxelles perdent – 461.033 voix.

L'analyse du vote NON du 29 mai 2005 permet de constater que le NON "de droite" représente 9,1 millions de voix et le NON "de gauche" 6,3 millions de voix.

2) Les formations nationales et souverainistes ne recueillent le soutien que d'une minorité de ces 9,1 millions de Français

Un an auparavant (élections européennes de juin 2004) les formations nationales et souverainistes (FN, MPF, RPF, MNR) n'avaient recueilli que 3.175.164 voix (dont 1.684.868 pour le FN)

Ce résultat de 3,2 millions de voix peut être majoré pour tenir compte d'une abstention beaucoup plus forte en juin 2004 qu'en mai 2005 (57,2 % en 2004 contre 30,3 % en 2005) soit 5.170.000 voix.

Cette extrapolation majore les résultats des formations nationales et souverainistes sans donner d'explication à leur faible capacité à mobiliser l'électorat, et en tout état de cause ils sont inférieurs de 4 millions au vote NON "de droite".

On peut donc estimer que les formations politiques nationales et souverainistes mobilisent à peine la moitié de leurs électorats potentiels.

3) En se présentant divisées les formations nationales et souverainistes n'obtiennent que la moitié des élus possibles

Le fait de fusionner des listes peut entraîner, à la marge, 2 mouvements contradictoires : refus de certains de cautionner ce rassemblement mais en sens inverse adhésions d'autres électeurs sensibles à la dynamique de regroupement. En l'absence de données plus précises on peut estimer que les 2 phénomènes se compensent, mais on peut aussi estimer que cette union mobiliserait une part de l'électorat qui refusent l'euro mondialisme lors des référendums mais ne votent pas.

Lors des élections européennes de 2004, les formations nationales et souverainistes qui se présentaient divisées, avaient obtenu 10 députés. Si elles avaient fait liste commune, elles auraient obtenu 17 députés, soit presque le double.

Si l'on tient compte des votes NON au référendum (France, Pays-Bas et Irlande) et des échecs actuels du mondialisme, l'objectif pourrait être d'obtenir une trentaine de députés, résultat conforme au référendum, si une liste de rassemblement "nationale-souverainiste" voyait le jour dans chaque circonscription.

vendredi 13 juin 2008

Quand les banques jouent aux apprentis sorciers

Nous publions ici, à titre de documentation, deux articles de Jacques Gravereau, directeur de l'Institut HEC Eurasia, coauteur de "Crises financières" aux éditions Economica.

Ces articles, sur les causes et les raisons de la crise actuelle ont été publiés dans La Tribune des 24 et 25 janvier dernier. L'analyse de Jacques Gravereau nous semble pertinente.

Les soulignements sont le fait du CIREN.




La crise est née d'un recyclage monstrueux de papier financier, version moderne des assignats, centrifugé par les réseaux informatiques et les artifices mathématiques, basé sur la croyance magique en " la main invisible du marché ".


Dans la superbe crise financière qui vient de nous sauter à la figure, l'immobilier américain avec ses subprime a bon dos : ce n'est pas le fond de l'affaire. Toutes les crises financières se ressemblent, seul l'objet change [les tulipes (1637), le sucre (1974), Internet (2001)...]. Le problème, cette fois, est que l'on ne comprend plus rien à la nature et au contenu du papier financier, tant les acteurs ont fait preuve de créativité et tant les sommes en jeu sont colossales.
Au départ tout est simple. Il s'agit d'élargir l'accès au marché immobilier américain à tous les ménages, même les plus fragiles. Les banques prêtent donc auxdits ménages en créant une prime exceptionnelle (subprime) pour le risque de défaut. Elles vont ainsi détenir dans leurs comptes une quantité de papier, contrepartie de ces prêts risqués, qui sont autant de revenus futurs au fur et à mesure des remboursements supposés. Rien que du potentiel positif donc.


Les banques vont alors construire une fusée à trois étages, de plus en plus gros et opaques. Ces trois étages s'appellent ABS ( asset backed securities ), CDO ( collateralized debt obligations ) et SIV ( special investment vehicles ). La clé pour comprendre le problème est le concept de " titrisation " : on amalgame tous les papiers financiers que l'on détient et on compose un gros paquet virtuel découpé par morceaux. Ces morceaux sont revendus à d'autres banques, dotés d'une valeur et d'un cours.


Quatre fois le PIB de la France !

Le premier étage de la fusée est constitué, pour la titrisation, des ABS, apparemment solidement gagées : deux tiers sur des hypothèques immobilières (mais à quelle valeur réelle ?) et un tiers sur d'autres actifs financiers, comme les cartes de crédit par exemple. Les ABS à elles seules représentent 10.700 milliards de dollars, ce qui donne le vertige (4 fois le PIB de la France !), lorsqu'on sait que le PIB mondial (2007) représente 50.000 milliards de dollars et la masse des dépôts bancaires mondiaux 38.500 milliards de dollars.


C'est là qu'intervient la finance dite " structurée " pour construire le deuxième étage de la fusée. Une banque d'affaires rachète des titres d'ABS et en compose un nouvel assemblage (un bout de subprimes pourries, un bout d'obligations un peu moins mauvaises, un bout de cartes de crédit, etc.) qu'elle empaquette dans un nouvel emballage, appelé CDO. Il est le résultat d'une cuisine interne opaque que seuls quelques matheux créatifs comprennent, sans maîtriser les créatures étranges sorties de leurs laboratoires.


Ces banques commencent alors à vendre massivement des CDO, toujours plus sophistiqués, qui se mettent à circuler sur le marché. Leur nombre et leur composition font qu'ils acquièrent une valeur virtuelle magique, à laquelle personne ne comprend plus rien, même les professionnels qui les achètent. Mais dans la sphère financière il est très tendance de fabriquer et d'acheter du CDO, comme des moutons de Panurge. En outre, les agences de notation se mettent à attribuer des notes aux CDO. Or nombre d'entre eux dotés de la meilleure notation contiennent aussi des subprimes pourries : une fois encore, les analystes sont pris la main dans le sac de conflits d'intérêts, sinon d'incompétence. Avec le foisonnement des CDO (400 milliards de dollars émis pour la seule année 2007), on ne sait plus où est le risque, qui détient quoi, qui fait quoi ! Le troisième étage de la fusée est prêt à entrer en action. Il est diabolique.


Pas de rapports fastidieux

La rotation des CDO rapporte énormément d'argent, mais ils sont trop visibles. Les ABS et les CDO ne sont que des instruments. Les banques se mettent donc à créer des " véhicules " d'investissement (SIV), ou " tuyaux " (conduits en américain) domiciliés à droite et à gauche, où elles mettent des tonnes de CDO de toutes sortes. Les SIV sont hors bilan (Enron où es-tu ?), ce qui est commode : pas de rapports fastidieux, pas de ratios Cooke, ces " véhicules " sont contrôlés par la banque sans (techniquement) lui appartenir, ils se refinancent sur le papier commercial à court terme, ils ont le rendement exceptionnel des CDO. Les SIV rappellent furieusement les investment trusts de la crise de 1929... qui avaient explosé dans la tourmente.
C'est l'aubaine du siècle. Tout le monde se rue sur le papier, d'autant plus que les transactions électroniques accélèrent considérablement la vitesse de circulation des capitaux. Les banques créent du papier supplémentaire pour alimenter la demande, exactement comme pour les assignats. En pleine euphorie, la sphère financière, si l'on peut dire, marche sur la tête.

Nous avons tout vu et rien appris des crises

Nous publions ici, à titre de documentation, deux articles de Jacques Gravereau, directeur de l'Institut HEC Eurasia, coauteur de "Crises financières" aux éditions Economica.

Ces articles, sur les causes et les raisons de la crise actuelle ont été publiés dans La Tribune des 24 et 25 janvier dernier. L'analyse de Jacques Gravereau nous semble pertinente.
Les soulignements sont le fait du CIREN.



Les banques ont créé, sur fond de prêts immobiliers américains, une énorme fusée financière à trois étages (ABS, CDO, SIV, lire notre édition d'hier) d'une folle complexité, qui a sa vie propre et à laquelle personne ne comprend plus rien.



En 2007, la machine financière se met à tourner dans une folle ronde. Personne ne veut être en reste. Toutes les banques (pas seulement américaines !) proposent monts et merveilles, sur le papier financier, des artificiels CDO et autres SIV, ainsi que sur le marché immobilier, même si ça n'est pas leur métier, tel Lehman Brothers. Certains, comme Morgan Stanley, voient le danger et achètent pour des dizaines de milliards de dollars de garanties sous forme de credit default swaps, qui ne sont, eux aussi, que des morceaux de papier (rien de nouveau : la création des swaps date de la crise de la tulipe de 1637 !). Si les CDO s'effondrent, pensent-ils, il restera des garanties solides sur les risques. La suite leur donnera tort ! Les hedge funds (fonds spéculatifs privés), quant à eux, continuent à bien se porter. Ils ne sont pas saisis par cette frénésie qui n'est pas la leur. Goldman Sachs sent le vent avant les autres et solde ses positions avant l'éclatement de la bulle, sauvant très honorablement son bilan 2007.

En revanche, pourquoi la banque centrale américaine (Fed) n'a-t-elle rien perçu du problème ? Toute à ses certitudes idéologiques que " la main invisible du marché " apporte spontanément ses propres correctifs, la Fed n'a rien vu ni rien fait. Elle savait, comme tout le monde, que la situation était volcanique. Mais il n'y a pas de bulle tant qu'elle n'a pas explosé !
Monnaie de singe

En août 2007, les premières alertes sur les subprimes sonnent, avec la faillite de deux sociétés spécialisées régionales. Début de panique sur les marchés. À ce moment, et à ce moment seulement, on se pose deux questions d'une simplicité biblique : au fait, qui exactement détient les subprimes et autres CDO ?

Que contiennent réellement les CDO et autres SIV ? Et on s'aperçoit avec effarement que personne n'a les réponses, encore moins les autorités de régulation que d'autres. Il n'en faut pas davantage pour que la bulle spéculative crève. Tout ce papier n'est que de la monnaie de singe. Il n'y a plus de marché ni de prix pour rien, ni CDO, ni SIV.

Implosion

Dans une ultime tentative, certaines grandes banques anglo-saxonnes créent un super-conduit de SIV, en apportant leur garantie explicite. Mais la tentative tourne court : le marché du refinancement s'assèche brutalement. Elles devront, pour se couvrir, réintégrer des SIV dans leur bilan et les passer en pertes, pour des dizaines de milliards de dollars en 2007, en attendant 2008. Les transactions entre banques sont sinistrées : il y a de bonnes masses de liquidités au jour le jour, mais pas au-delà. Comme il n'y a plus de marché réel, les mathématiciens sont mis à contribution pour créer des techniques de mark to model (et non plus mark to market) pour tenter de sortir du trou. Comme les effets de la crise ne sont pas immédiatement mesurables, plus personne ne peut prévoir quoi que ce soit.

Que faire ? À court terme, les banques les plus fragiles implosent ( Northern Rock en Angleterre). D'autres consolident leurs pertes dans leurs comptes propres. Certaines se vendent partiellement à des fonds souverains : Citigroup au fonds d'Abou Dhabi, Merrill Lynch à Singapour, Morgan Stanley à la Chine.

Les pays émergents se mettent donc à financer les pays riches, ce qui est nouveau et intéressant. Les pertes directes des banques seront de 400 milliards de dollars peut-être. En réalité, les dégâts différés ou collatéraux peuvent atteindre cinq à dix fois cette somme. L'année 2008 ne sera pas de trop pour colmater les brèches béantes, à commencer par le risque sérieux de contamination à l'économie réelle, qui s'appelle une récession. Le décrochage des Bourses en donne un avant-goût.

On suit la foule

Cette crise financière ressemble fortement à celles des deux derniers siècles et montre une fois encore que nous avons tout vu et rien appris. Elle est la liquidation brutale d'un excès de dette. Elle est une folie spéculative de plus. Elle illustre que la transparence est encore une chimère : on ne maîtrise pas (ou on masque soigneusement) le produit que l'on vend et on s'illusionne sur le produit que l'on achète. On suit la foule tant que tout va bien, jusqu'à la seconde où tout va mal.

Plus inquiétant : les politiques accommodantes de la Fed américaine suivent les marchés plus qu'elles ne les contrôlent, illustrant que le retour de la régulation n'est pas qu'un thème à la mode, mais une nécessité. Si cette crise diffère des précédentes, c'est par la taille colossale de la sphère financière, où l'unité de mesure est passée, en moins de dix ans, de quelques dizaines de milliards de dollars à des ordres de grandeur courants de trillions (1.000 milliards) de dollars, sans commune mesure avec l'économie réelle. La mondialisation n'est pas nouvelle, celle des marchés financiers l'est. Attention, danger.